La bataille d’Austerlitz (aujourd’hui en République tchèque), affrontement décisif de la campagne d'Allemagne, se déroule le lundi 2 décembre 1805Note 2, entre Brünn et Austerlitz, dans le sud de la Moravie, alors possession autrichienne. Cette bataille oppose la Grande Armée commandée par Napoléon Bonaparte, sacré empereur des Français un an jour pour jour auparavant, aux troupes de François Ier, empereur d'Autriche et du Saint-Empire romain germanique, et aux forces russes d'Alexandre Ier, tsar de Russie. Les trois souverains sont présents sur le champ de bataille, d'où son surnom de « bataille des Trois Empereurs ».
La bataille d’Austerlitz
Introduction
Plan de Napoléon
Ce piège consiste à faire croire à l'ennemi que les forces de Napoléon Ier sont trop faibles pour vaincre. Pour ce faire, il utilise de nombreuses ruses (organiser le repli de ses troupes lors d'affrontements ou d'escarmouches, demander à être reçu par les autres empereurs comme pour négocier, etc.). Les ennemis pensent alors que Napoléon ne dispose que de 40 000 hommes (au lieu de 73 400). Koutouzov n'en est pas persuadé mais les jeunes généraux russes, souvent des nobles peu expérimentés ayant acheté leur charge, veulent briller devant le tsar et foncent dans le piège, sans attendre les renforts.
Après la jonction des armées russes et autrichiennes, les Austro-Russes ont une nette supériorité numérique. Napoléon se résout donc à une bataille défensive ; il rassemble ses forces et convainc ses adversaires qu’il refuse la bataille en battant en retraite et en abandonnant, le 28 novembre, le plateau de Pratzen, de haute valeur tactique. Le même jour, il sacrifie aux Cosaques les cavaliers du général Treilhard. Après une marche agressive de trois mois, ce repli et cette défaite apparaissent aux yeux des coalisés comme un aveu de faiblesse et réconfortent le tsar, qui a refusé la proposition de Koutouzov de retraiter jusqu’en Galicie.
Napoléon, pour persuader psychologiquement ses adversaires qu’il est à la veille d’une défaite certaine, envoie Savary, son aide de camp, faire des propositions de paix. Le tsar refuse mais, le 30 novembre, il envoie tout de même Dolgoroukov, un prince arrogant et impertinent. « Celui-ci, plus habitué aux bals à Saint-Pétersbourg qu’aux bivouacs, est saisi de surprise quand il voit Napoléon sortir d’un fossé, la figure sale et mal accoutré », raconte dans ses Mémoires le général Langeron, un émigré français au service du tsar. Dolgoroukov donne les conditions de paix du tsar : l’abandon de la rive gauche du Rhin par la France. Napoléon refuse net mais Dolgoroukov est convaincu de la victoire des coalisés[réf. nécessaire]. À son retour, il déclare : Napoléon tremblait de peur. J’ai vu l’armée française à la veille de sa perte. Notre avant-garde suffirait à l’écraser
Pour persuader tactiquement les alliés, Napoléon place peu de troupes sur son flanc droit. Il prévoit que les Alliés, voyant le point faible du dispositif français, quitteront leur position dominante, c’est-à-dire le plateau de Pratzen, pour envelopper les Français et leur couper la route de Vienne, car ils la croient indispensable aux Français pour battre en retraite en cas de défaite, alors qu'en fait, l'Empereur se serait replié à Paris. Au centre, Soult, avec ses 20 000 hommes, doit contre-attaquer et couper l’armée ennemie en deux, en attaquant le plateau de Pratzen laissé sans défense. Lannes (15 000 fantassins) et Murat (8 000 cavaliers), au nord, défendent leurs positions. Pour renforcer son flanc droit, Napoléon ordonne à Davout de quitter Vienne, lieu de cantonnement de ses troupes, et de le rejoindre à marche forcée. Les 8 000 soldats de Davout parcourront alors les 110 km qui les séparent du champ de bataille en 48 heures (36 heures de marche). De plus, il place la cavalerie de Margaron au château de Sokolnitz et dispose la division Legrand à Sokolnitz (il ordonne également au 3e régiment de ligne de Legrand de tenir Telnitz jusqu’à l’arrivée de Davout). Enfin, la Garde impériale (5 000 grenadiers) et le 1er corps de Bernadotte (12 000 hommes) restent en réserve. Le positionnement des Français pour la bataille fut envoyé aux différents maréchaux dans le bulletin Dispositions générales pour la journée du 11 frimaire an XIV (2 décembre 1805). L’artillerie française compte 139 canons.
Déroulement
Le 2 décembre 1805, à 4 heures du matin, les 4 colonnes alliées quittent le plateau de Pratzen et marchent sur le flanc droit des Français. À 6 heures, les divisions de Soult (Vandamme et Saint-Hilaire), cachées par le brouillard, franchissent le Goldbach en silence et attendent le signal de l’attaque.
À 7 heures, Kienmayer envoie son avant-garde à l’assaut de Telnitz, mais elle est repoussée par le 3e régiment de ligne de Legrand. Quelques minutes plus tard, Kienmayer lance 3 000 Autrichiens et 600 cavaliers pour prendre la petite bourgade. Ceux-ci arrivent à percer la ligne française jusqu’à l’église du village, mais les Français culbutent les Russes dans une contre-attaque. À 7 heures 30, les troupes de Davout relèvent le 3e régiment.
À 8 heures, l’état-major allié s’impatiente : Kienmayer a perdu l’ensemble de ses troupes dans une troisième attaque vaine, tandis que la 2e colonne du général Langeron a perdu une heure dans l’exécution de sa manœuvre. En effet, à 6 heures, Langeron est bloqué par 4 000 cavaliers de Jean de Liechtenstein ; or, cette cavalerie devrait se trouver à 2 km derrière lui. Excédé, il alerte le général de cavalerie et lui démontre son erreur : ce dernier a confondu les villages de Krzenowitz13 et de Pratzen. Mais le général préfère attendre le jour pour replacer son unité, car il ne veut plus se perdre dans l’obscurité. Langeron finit par passer outre et fait marcher sa colonne devant les Autrichiens, tandis que Dokhtourov, ne voyant ni les troupes de Langeron sur sa droite ni Kienmayer devant lui, arrête sa colonne. Tout le plan de Weyrother est compromis.
À partir de 8 heures 30, le général Langeron attaque Sokolnitz. Après un violent bombardement, la colonne de Langeron pénètre dans Sokolnitz que les Français ont abandonné. Mais ceux-ci se reforment à l’arrière tandis qu’une poignée d’hommes se réfugie dans le château, résistant à tous les assauts des Russes. Finalement, les Français contre-attaquent et repoussent les Russes hors du village. Au même moment, Dokhtourov lance régulièrement plusieurs attaques sur Telnitz, forçant les Français à battre en retraite derrière le village, mais à chaque fois, une charge de dragons force les Russes à quitter la bourgade. Telnitz change ainsi trois fois de mains en une demi-heure. Finalement à 9 heures, Dokhtourov et Langeron prennent Telnitz et Sokolnitz dans une dernière attaque. Davout et ses aides de camp se demandent alors combien de temps ils pourront encore empêcher, avec 1 500 hommes, l’avancée des Russes. Mais ceux-ci ont cessé leurs attaques car Napoléon vient d’attaquer.
Une victoire écrasante
À 14 heures, Koutouzov étudie seul les voies de retraite, le tsar et tout l’état-major ayant déjà fui une heure plus tôt. Au centre, Kolowrat, la Garde russe et la cavalerie de Liechtenstein sont en pleine déroute et retraitent vers l’est. Au sud, Napoléon ordonne à Soult de quitter le plateau de Pratzen et de couper la retraite aux 1re et 2e colonnes russes, tandis que Davout fait pression à l’ouest et reprend Sokolnitz.
À 15 heures 30, n’écoutant plus leurs officiers, 20 000 Russes fuient en désordre et espèrent échapper à l’encerclement en traversant les marais et les étangs gelés proches des villages de Menitz et Satschan. Mais quand l’artillerie française tire pour briser la glace, les hommes et leur matériel s'enfoncent dans l'eau. Paniqués et gelés, 2 000 Russes parviennent à regagner la rive où ils sont immédiatement faits prisonniers. La question de l’enfouissement dans les étangs de Menitz des 10 000 Russes a longtemps fait débat : Suchet, chargé par Bonaparte de vider les étangs de Menitz et de Satschan, ne trouva le 4 décembre que 36 canons, 138 chevaux et trois cadavres ; mais il n’exclut pas que les villageois des alentours n’aient enterré précipitamment des centaines de noyés14. La victoire française est indiscutable.


