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Napoléon Bonaparte

La Grande Armée

La bataille d’Austerlitz

La bataille de Iéna

La bataille de Iéna

Introduction

La bataille d'Iéna est une bataille qui oppose la France à la Prusse le 14 octobre 1806 à Iéna (Allemagne, actuel Land de Thuringe). Elle a lieu en parallèle de la bataille d'Auerstaedt, dans le cadre de la campagne de Prusse et de Pologne. Les Français sont commandés par Napoléon Ier et les Prussiens par le général de Hohenlohe. S'assurant d'une position en surplomb dès le début de la bataille, Napoléon y remporte une victoire totale qui, couplée à celle d'Auerstaedt du maréchal Davout, précipite la fuite de l'armée prussienne, augurant déjà la fin de la campagne de Prusse.

Forces en présence

L'armée prussienne est divisée en deux colonnes : une sous le commandement du duc de Brunswick-Œls, et l'autre sous les ordres de Hohenlohe avec 50 000 hommes et 120 canons, dont l'ensemble du contingent saxon. Brunswick a pour but de protéger la retraite du premier. C'est le corps de Hohenlohe qui soutiendra l'affrontement avec Napoléon. Les forces françaises comprennent le 4e corps de Soult, le 5e de Lannes, le 6e de Ney et le 7e d'Augereau (ces deux derniers sont incomplets au début de la bataille), et la Garde impériale, soit 55 000 hommes. La réserve de cavalerie s'y ajoute, soit 10 000 hommes. L'artillerie comprend 173 canons. Le tout est commandé directement par Napoléon.

Arrivée des troupes françaises

Le futur général Marbot, à l'époque aide de camp d'Augereau, raconte que c'est un prêtre saxon, n'admettant pas l'alliance forcée de son pays avec la Prusse, qui guida l'état-major de Lannes, par un sentier étroit et caillouteux, qui servait habituellement à conduire les chèvres jusqu'au sommet3. Le journal du 5e corps précise uniquement que les éclaireurs de Suchet trouvèrent un moyen d'arriver sur les hauteurs2. Quoi qu'il en soit, l'armée française avait trouvé un moyen de monter sur le plateau. Sitôt prévenu, Napoléon fait armer ses bataillons de pics et de pelles pour élargir le passage afin de faire passer l'artillerie française, bloquée en bas du chemin. L'Empereur dirigeait lui-même l'opération, n'hésitant pas à encourager et aider ses soldats. Tout le centre était « massé » sur ce plateau, la poitrine de chaque homme touchant le dos du soldat placé devant lui3. Les Prussiens entendent enfin les préparatifs français, mais le brouillard est très dense, ce qui permet au corps d'attaquer seul pour gagner un maximum de terrain afin de se déployer correctement. La seule route d'accès vers la vallée est bien gardée par les troupes saxonnes.

Napoléon improvise aussitôt une manœuvre inverse de celle d'Austerlitz : il conquiert à l'insu de son ennemi un plateau qui lui assure une situation dominante. Il surplombe ainsi l'armée prussienne concentrée juste devant lui. Mais il surestime tout de même le rassemblement prussien, ne se doutant pas que la seconde partie de l'armée prussienne marche alors sur Naumbourg en direction des unités de Davout. Son corps affronte à Auerstaedt des forces deux fois supérieures en nombre4.

Déroulement

L'armée française progresse : le 5e corps de Lannes se trouve déjà sur le plateau, massé sur plusieurs lignes. À sa gauche, le 7e corps d'Augereau avance depuis le matin ; la division Desjardins vient se placer à côté des troupes de Lannes, tandis que le reste de ses troupes passe sur la route d'Iéna à Weimar, toute en lacets. Le 6e corps de Ney avance à droite de Lannes, avec en avant-garde 3 000 hommes. Le 4e corps de Soult, enfin, monte de la vallée de la Saale, à droite du dispositif5.

La Garde impériale est en retrait, entre Augereau et Lannes, ainsi que la cavalerie de Murat, placée à l'extrême droite. En revanche, l'armée prussienne entre en ordre de bataille, en deux colonnes parfaitement alignées, comme pendant la guerre de Sept Ans. Le corps du prince von Rüchel (30 000 hommes) est placé sur le flanc droit prussien, en renfort. Mais celui-ci trop éloigné, ne peut participer immédiatement à la bataille.

À six heures du matin, Napoléon donne l'ordre de l'attaque. Les Prussiens, mal réveillés et ébahis, s'attendent à voir déboucher les Français sur leur droite. Les troupes de Lannes lancent les premiers combats : la brigade Claparède s'empare du village de Closewitz (de), la division Gazan prend possession à sa droite de vingt-et-un canons ennemis ; le terrain entre Closewitz et Cospeda (de) est conquis, l'armée ennemie rejetée sur Lützeroda (de). Napoléon est alors maître du sommet du plateau, et ralentit la progression de l'armée afin que les 4e et 6e corps entrent en scène. L'avant-garde de Ney s'intercale entre Lannes et Augereau, et la seconde phase de la bataille débute.

Les Prussiens soutiennent avec succès l'assaut d'Augereau, mais il s'agit d'une opération de diversion. Lannes se dirige d'abord sur le centre du dispositif prussien, à Vierzehnheiligen (de) ; le village est pris par deux régiments des divisions Suchet et Gazan, et soutiennent le feu prussien. Le 5e corps bouscule la réserve du général Tauentzien ; Hohenlohe fait reculer Tauentzien et avancer la division Grawert pour maintenir la ligne. Lannes prend alors la tête du 100e régiment pour s'emparer des hauteurs de droite, mais doit être secouru par le 103e du général Gazan. Peu après, la division Grawert menace Vierzehnheiligen, et Lannes doit rallier ses troupes pour charger. Soult progresse par la droite en écartant la menace du général Holtzendorff. Augereau avance par la gauche et se heurte à la division saxonne von Zerschwitz. Napoléon stabilise le front en alignant ses ailes par rapport à son centre, mais Ney, enthousiaste, continue son avancée et fait charger ses troupes. Il se retrouve vite au milieu des lignes adverses. Hohenlohe contre-attaque avec toute sa cavalerie, soit vingt escadrons. Aidé de l'artillerie, Ney redresse la situation.

Le général Massenbach rejoint son ami Hohenlohe au moment où la situation devient critique. Vers midi, les lignes prussiennes sont enfoncées. Les Saxons au sud tentent de porter assistance au centre prussien mais se heurtent au corps d'Augereau qui les repousse. L'arrivée de la cavalerie de Murat sonne la fin de la seconde phase. L’armée prussienne entame son repli quand apparaît la colonne du général von Rüchel aux alentours du village de Kapellendorf, marchant au canon. Celle-ci arrive trop tard pour sauver ce qui reste des Prussiens, et ces renforts ne tiennent pas face à l'élan des troupes impériales toujours plus nombreuses sur le plateau. En peu de temps, ces forces se joignent aux soldats en fuite qui quittent le champ de bataille7.

Suite de la bataille

Contrairement à Austerlitz, où seule la cavalerie de Murat s'était élancée sur les traces des Russes et des Autrichiens battant en retraite, sans intention de détruire ce qui restait de l'armée ennemie, Napoléon donne cette fois l'ordre à un nombre important de soldats de s'élancer sur les traces des vaincus. Murat progresse si vite qu'il saisit à l'entrée de Weimar l'artillerie et les bagages des Prussiens. La reine Louise de Prusse, « âme damnée » de la guerre, s'enfuit par une porte de la ville tandis que les Français entrent par l'autre.

Pertes

  • Les troupes coalisées subissent de lourdes pertes : 49 généraux (dont 19 saxons), 263 officiers et 12 000 hommes, tués ou blessés, 14 000 prisonniers, 40 drapeaux et 200 canons capturés.
  • Les Français perdent 6 087 hommes, tués ou blessés, dont six officiers supérieurs (dont le colonel Marigny du 20e régiment de chasseurs à cheval) et 288 officiers.

La bataille de Iéna